DES MOTS ET DES CHOSES
Lassé de l’ entrepôt
Le sac
Régurgite
Le chaos de la vie
Licenciement économique
Quelques débris visés
Par la mort
Trop vieux trop de service
L’homme
Confond l’homme avec
Les choses
Patience des choses
Masse massivement équarrie
Au ciseau du silence
Recensée aux plis de la mémoire
Par dedans la rude écorce débonnaire
chicanent les jus
De l’univers
L’immémorielle matière
Concède à la patience des choses
L’élan naturel de la vie
En rivage
la mer surit
à force de sable
taraudée, essorée, laminée
exténuée
la tranche de bois
plaide pour le
sable.
Espérer
Espérer de l’oiseau
fusillé
un nid
Apprendre de l’oiseau
Apprendre l’oiseau au profil de la nuit
Apprendre son aile éployée
Apprendre de l’essence de la nuit
L’éternité fluide de son vol
Stradivarius bombardé
Tant plein défait
Bousillé
Pourtant l’a chanté,chante encore
Et chantera
L’a la voix indemne dans
Le fatras
On l’a entendu,on l’écoute
Et l’écoutera
Dans le fracas
L’est le sillon de l’étoile éteinte
Par le jour, éprise de la nuit
Qui l’a joué,le joue
Et le jouera.
Radeau des murmures
Les feuilles
sont empreintes
du fil de l’eau
murmures des peines humaines
jusqu’où ?
La nuit aura-t-elle pour survivre
ses frissons de porcelaine ?
Jusqu’où ?
Leur calme et silencieux déluge
Bridé de fil de fer
Les Cagettes
Bien longtemps furent-elles convaincues
par l’arbre
Les feuilles leur racontent
Le vent
Depuis faites de lamelles amincies
agrafées multipliées frêle
armada jouet des choses
depuis vidées de charge
et depuis dénuées de sève
en attente des poubelles
agglutinées au miel du détritus
hommage à F. Ponge « Le parti-pris des choses »
… A mi chemin de la cage au cachot la langue
française a cageot… »
De simples sacs de toile de jute…
Mélanger mots et choses…
De mille façons les mots et les choses
S’usent…
Usure du temps constante chargée
De mémoire et de vie…
Capacité à déposer en chacun
Quelque chose d’intime et d’unique
Qui accroît notre propre
humanité …