POEMES
AUTRE CIEL
Autre ciel
La fenêtre en dépend
qui claque comme un abîme
d’oiseaux
Seuls signes de l’épure de la NUIT
A partir du ciel
Le seuil des maisons
Aux alentours des oiseaux
grappille les abus du jour
Dès la NUIT
se construit la graine
en découlera
le vol de l’oiseau
NOIR
Le privilège de l’oiseau
Sur l’évidence du jour
qui aigrit le ciel
Dans l’oiseau prévaut le NOIR
Dans un coude du ciel teinté
de tuiles d’argile
capture la course des toits
Le ciel est fait de pigeons et de toits
Noir à force d’étoiles et de VIE
Noir de toit en toit
Le ciel roucoule le rectangle de
la fenêtre
s’envole
TRACE accomplie son aile
L’oiseau a-t-il appris assez de ses NUITS
pour confier son vol à la souveraineté de
son aile
L’aveu du soleil en crève la MEMOIRE
L’oiseau saura t-il survivre aux faussetés
de L’AURORE …
Bivouac de l’irréductible
Il y a une part de jour dans la nuit
Nous n’avons que la nuit pour
Remettre de l’aveuglement de la lumière
L’aurore et le crépuscule commercent
Ils s’échangent depuis la nuit des temps
Leur dualité
Ne dit-on pas « la nuit des temps »
La nuit pour l’infini
La nuit pour la beauté, la beauté
Pour le jour et le jour pour
L’épuiser
L’homme bivouaque là aux confins du sens exilé
Dans l’épaisseur de l’évidence
L’aube et le soir déclinent la trace
d’un même songe…
Matière
Irréductible étoile
Le vieil Armand
« Hartmannswillerkopf »
Là-haut l’ombre de la cîme
Dans les torsions du silence
La violette est fraîche de la casemate
et des chevaux de frise.
L’odeur est rouillée et fané l’obus
Tout là-haut de fer et d’os la croix
sèche de sang grasse de mort
Son ombre creuse mutile le silence
là-haut l’oiseau a perdu le sens du vol
et la violette sans ressource n’a plus besoin
de mourir
Là-haut le tragique est trop haut
La violette ne se souvient qu’à l’écart de la cîme
où le boyau boueux balayé par le désespoir
s’excuse de ne savoir plus où survivre
Sous le couvert des arbres à mi coteau
des coussins de mousse piquetés de violettes
en prendre une seulement une pour toutes les autres
Avoir envie de son parfum et fixer sa corolle
jusqu’à s’enfoncer comme un noyé au lieu
le plus secret de soi où le souvenir lui-même ne
consent pas à juxtaposer vivre et mourir